samedi 31 mars 2012

Travelling N°6 : Hunger Games : La Révolution chez les Toupoutous






Vous savez, je fais partie de ces gens un peu dérangés, un peu marginaux et un peu fous qui n’excusent pas la médiocrité d’un film juste parce qu’il est en fait moins mauvais qu’on pouvait s’y attendre. Surtout si ce film dépense des millions en effet spéciaux et qu’il ne tient pas forcément la route narrativement… Bon, le fait que j’aime maintenir un pseudo suspens sur le titre des films dont je vais parler dans ma chronique alors qu’il est dévoilé au-dessus, dans le titre vous permettra sans doute très légitimement de vous demander si j’ai un quelconque sens de l’écriture narrative. Et je ne vous en voudrais pas de perdre espoir et de vous en retourner lire les critiques cinéma du Figaro madame… Ou alors vous pouvez vous dire que réussir à tacler le Figaro entre une et deux fois par article sans passer pour un petit con (oui oui), c’est la preuve d’une science de la narration au moins aussi importante qu'un Nolan non ?

Bref ! Quoiqu’il en soit, aujourd’hui je vous parle de l’une de ces nombreuses sagas littéraires (prétendument pour ados) adapté dans un blockbuster gigantesque dont les motivations artistiques ou commerciales(?) (et oui, c’est souvent antinomique) transpirent à travers l’écran comme le parfum trop cher des midinettes du métro parisien : J’ai nommé (roulement de tambour) HungerGames, Acte I.




Bon, on va expédier le cas de Twilight tout de suite : ce sont des bouses irregardables qui ne soutiennent pas deux secondes la comparaison avec Huger Games (malgré tout le mal que je peux penser de ce film). Donc, que tous ceux qui osent ne serait-ce que faire un petit rapprochement de rien du tout entre le renoncement cinématographique total et le cynisme de Twilight et l’ambition, certes défaite au bout de 20mn, mais ambition tout de même d’apporter au scénario bancal d’Hunger Games, un semblant de crédibilité, sortent immédiatement de la salle.

VOILA.

Alors Hunger Games (Les Jeux de la Faim), c’est tout d’abord l’adaptation du roman éponyme de Suzanne Collins, véritable bestseller aux USA et donc évidement grosse production américaine qui cherche à amortir les frais de ses investisseurs… (Quand je vous dis que la thune pourri tout !)

Ensuite l’histoire : C’est l’exemple parfait de la dystopie (« utopie négative » pour mon correcteur qui ne reconnaît pas le mot) avec tout ce qu’elle a d’intéressant et de franchement jouissif : Que l’on parle d’Half Life 2, de 1984 ou de Metropolis, l’utopie négative comme mise en application des travers de notre système poussés à l’extrème pour mieux les dénoncer a toujours été un sujet passionnant mais très difficile à traiter.

Dans celle-ci, on est quelque part au milieu des Etats Unis qui semblent avoir essuyé un guerre très rude ou de lourdes catastrophes naturelles ce qui a permis à un pouvoir autoritaire de s’imposer gouvernant d’une main de fer le pays divisé en 12 Districts dont la plupart sont utilisés comme greniers ou carrières du pays tandis qu’une minorité jouit de ses privilèges.
Un système injuste et tyrannique donc, qui a mené précédemment à une révolte des districts pauvres contre l’entité ville-district appelée : Le Capitole (on se souvient de ses cours d’histoire antique ça peut servir).

Le pouvoir ultra-policier ayant remporté la victoire en écrasant la rébellion, et pour maintenir les perdants dans un état de soumission, organise chaque année le tirage au sort d’un garçon et d’une fille entre 12 et 18ans dans chaque district pour s’entretuer dans la joie et la bonne humeur lors d’un grand jeu télévisé pour le plus grand plaisir de la population du Capitole (et là on ressort son bouquin de mythologie grecque et on relit le mythe de Thésée).  

Le concept est plutôt affriolant non ? Il faut savoir que je suis très client des films d’anticipation, que je ne connaissais pas le réalisateur (donc aucun apriori de ce point de vue-là), et que je n’ai lu aucun des trois livres de la saga Hunger Games.

Et là le problème c’est que je veux bien être de la mauvaise foi la plus crasse lorsqu’il s’agit de défendre un film, pas parfait mais qui m’a complètement retourné, autant là, après 10mn de film, la dure réalité m’a rattrapé comme une ex un soir de Saint Valentin.

Alors oui, le film n’est pas une hérésie mais tout de même pour moi, à trop vouloir ratisser large, il en a perdu la puissance du message universel que semblait transmettre le livre…

Nous sommes donc dans un univers ravagé par la faim (HUNGER games), la violence, c’est un état policier dans laquelle est censé régner une pression dictatoriale constante.

Le film pourtant nous montre, dans la première partie de l’histoire qui se passe dans le District 12 (le plus pauvre),  des adolescents beaux, en forme, qui chassent, pêchent (…nature et traditions bref le rêve de Nihous), qui ne semblent pas si tristes que ça mis à part qu’ils stressent un peu quand même de se faire déchiqueter devant les caméras d’un jeu de téléréalité…


L’univers est édulcoré, il n’a pas d’odeur, pas de grain, pas de personnalité… Malheureusement on oublie une fois encore de travailler les personnages et leur tiraillement face à l’immoralité d’un système qu’ils ont complètement digéré pour certain… (qui vomira le premier ?). Mention spéciale tout de même pour le travail sur le personnage d'Haymitch incarné par le très bon Woody Harrelson. (No Country for Old Men, Zombiland et Tueurs Nés)

Tout est véritablement trop lisse dans ce film (volonté que les jeunes puisse venir le voir à partir de 12ans) ce qui dénature en grande partie l’atmosphère de contestation face à l’ignominie et l’injustice que devait receler le livre.

Et pour preuve la plus évidente, là ou Fukasaku allait, dans Battle Royal (concept similaire et opposé à la fois) au bout du bout de la violence comme vision nihiliste de l’âme humaine engagée dans la survie, Gary Ross signe des scènes de carnage dignes de petit poney contre la méchante sorcière… En effet, tout est fait (sûrement pas une deuxième équipe abreuvée aux codes combat de The Bourne Ultimatum) pour que le spectateur ne soit pas choqué par le sang, l’horreur ou la violence du combat à mort entre ces jeunes gens (on ne voit rien, les morts semblent apaisés, voire endormis etc…).

En témoigne un film complètement schizophrène puisque son fond voudrait révolter tandis que sa forme tente de nous faire passer la pilule… Une déception donc, pour quiconque voulait être bousculé, choqué, désorienté comme on l’est devant Battle Royal, ou Fall Out…

Bref, un film, certes regardable, mais mou et édulcoré qui a (évidement et malheureusement) trouvé son publique…
Donc si vous cherchez du Survival, du vrai, ce n’est pas ici que vous en trouverez car dans Hunger Games, on ne survit pas, on se promène, on fait un peu la gueule quand on doit tuer quelqu’un et on se lave la minuscule tache de sang sur la main pour montrer que « bah c’est quand même traumatisant quoi… comment ? vous ça vous fait rire ? » 


Un film sans âme donc, sans cœur et sans tripes, puisque tandis que je prône un cinéma viscérale dans mon coin, des millions de spectateurs à travers le monde encense cette adaptation fantôme...

Bon alors, allez vous mater Battle Royal, La Colline a des Yeux, l’Armée des Morts ou Hostel 2 (véritables survivals qui cumulent certes de nombreux défauts mais qui sont de véritables œuvres touchant nos émotions) et laissez Hunger Games aux gamines de 12ans puisqu’apparemment c’est la cible de la Warner... (oui je suis aigri et j'ai pas 20ans)


Triste nouvelle pour le cinéma de genre.









jeudi 29 mars 2012

Travelling N°5 : Cloclo : La Puissance de l’Image



 

Oubliez tout ce que vous pensez de Claude François, oubliez tout ce que vous croyez savoir sur les biopics français (film biographique*) et même oubliez tout ce que vous savez du cinéma français… Et puis vous savez quoi, oubliez ce que vous imaginez savoir  sur le cinéma tout court ! Mais vous vous demandez sans doute quelle révolution cinématographique du paysage français suis-je en train de décrire avec cette grandiloquence qui me caractérise si bien (merci merci). Et bien je parle bien sûr, non pas de Polisse, The Artist ou Intouchable qui, il faut le reconnaître, ne méritent pas d’être jetés dans un volcan, mais qui sont tout de même loin, très très loin du fantasmagorique Cloclo dont je vais vous faire la chronique.

Bon. Tout d’abord, oui, taper sur le cinoche français, c’est un peu facile. Ça n’enlève en rien le renoncement cinématographique auquel on est confronté aujourd’hui dans les grandes salles (des films comme la vérité si je mens en sont de très bons exemples.).
En effet, c’est un constat accablant que l’on peut aujourd’hui dresser de notre 9ème art national puisque les bousasses à la sauce Clavier/Reno y sont même parfois plus défendables que les pseudo-branlettes-intellectuelles-pour-étudiant-en-histoire-des-art-qui-mange-bio, censées incarner le summum de la réflexion philosophico-artistique du genre cinématographique…
Alors sous cette couche d’auteurisme prétentieux et crasse, de bien-pensance ultra commerciale, se dresse un espoir, une lueur dans la brume…

ET IL ÉTAIT TEMPS !

Cloclo est donc un film qui annonce une scission (inégale mais nette) dans les casseroles du cinéma de notre douce patrie : à commencer par faire la différence entre les réalisateurs qui savent tenir une caméra (Kassovitz et J.Audiard pour ne pas les citer et, oui, j’emmerde les collabos néo-fascistes qui ne comprennent juste pas ce qu’est le Cinéma, le vrai, le sincère… Fuck le Figaro) et les manches à couille très nombreux et très fier de leurs discours flatteurs, de leur verbiage stupide dont la célébration médiatique (re-Fuck le Figaro) nous donne clairement envie de se la prendre et de se la mordre très fort.

Qu’on se le dise, qu’on l’écrive et qu’on le lise donc, Cloclo de Florent Emilio Siri est un pur chef d’œuvre et je vais tenter en trop peu de lignes de vous expliquer pourquoi :
Bon déjà Claude François, tu t’en fous ? Moi aussi ! Enfin disons que j’en suis pas au point de m’inscrire à la nuit des sosies… Et pourtant et pourtant, je vais gentiment te demander de fermer ta gueule et de mater le nom du réal : FLORENT EMILIO SIRI.

Quand Eastwood te réalise J.Edgar ou que Cronenberg te fais Dangerous Methode, tu dis pas, je m’en fous d'Edgar et Freud, non moi j’aime bien les pirates, je veux des pirates. Tu la fermes et tu fonces le voir.
Et bien avec Siri c’est un peu le même principe. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il est le réalisateur de l'inégal mais prometteur Ennemie Intime, de Nid de Guêpes et Hostage qui sont tous les trois plus bouleversants et brillants les uns que les autres, et ce de par leur nature symbolique inégalée en France puisque Siri a su, dans ces derniers, digérer un mix d’influences et de codes sans jamais tomber dans l’analyse lourdingue (ça c’est mon boulot) et toujours en étant puissamment évocateur. Et ça, c’est ultra-bandant !

Cloclo n’échappe donc pas à ces exceptions du Cinéma, comme l’Ordre et la Moral ou Un Prophète qui s’imposent à coup de Machine Gun comme un bon gros coup de boule dans nos préjugés les plus tenaces.
Siri fait preuve ici de la maîtrise experte d’un Scorcese pour filmer le parcours d’une icône en devenir, sans jamais tomber dans la facilité, puisqu’il dynamite notre inconscient collectif pour mieux nous évoquer de lourdes remises en cause produites elles-même par l’évidence de son montage. Tout simplement sublime. (Ceci est une phrase à relire deux ou trois fois).

Ainsi donc, pour certain plans (notamment ceux des bains de foules de Claude François) on vu la scène presque derrière l'épaule de ce dernier, tandis que pour d'autres, la caméra nous fait prendre du recule et conscience que notre héros de la scène précédente est en fait un type complètement paumé qui ne sait pas s'y prendre pour se faire aimer. Mais l'analyse de ce film n'est pas, à mon sens, très pertinente car ce n'est pas la volonté de Siri que l'on dissèque sa mise en scène (en pourtant, certains plan séquences sont réellement géniaux, notamment celui de la poursuite en voiture).

Non content de nous livrer l’une des meilleures réalisations française actuelle, Florent Emilio a su s’emparer d’un mythe fondateur de plusieurs générations françaises pour y traduire de la façon la plus sincère qui soit ses propres obsessions (besoin d’être aimé sans savoir s’y prendre, perte du père)…

Avec un scénario, transcendé par la mise en scène qui joue sur notre fascination/répulsion du personnage, qui balaye avec des partis pris surprenants, la vie de Claude François en questionnant un mythe et son art, en évoquant par le cadre et non par le verbiage (on se souvient du décevant L’Histoire d’un Mec sur Coluche), Siri, nous dépeint ici, et toujours en s’adressant complètement à nos sens et à nos émotions, les travers et les joies de l'une des figure iconique franco-française du XXème siècle.

Oubliez donc la vanité et l’ego que nous servent la plupart du temps les tacherons du cinéma français moralisateur, et plongez dans cette aventure immersive et monumentale qu’est Cloclo car il est la promesse (pour les optimistes) ou l’espoir (pour les réalistes) d’un cinéma sincère et viscéral qui s’adresse à notre cœur et à nos tripes plus qu'à notre intellect franchouillard.

mercredi 28 mars 2012

Travelling N°4 : Projet X : Le Subversif en Carton-Pâte



C’est un Film classé R auquel je m’attaque aujourd’hui, classé R, cela veut dire qu’il est interdit aux mineurs non-accompagnés aux Etats Unis. Oulala, du coup en plus des poncifs « Histoire Vraie », « Found Footage (vous avez vu hein ? comme dans Chronicle) » et « Je suis le mec qui a réalisé Very Bad Trip et j’approuve ce message », l’argument de vente « Film trash et interdit aux jeunes » s’ajoute à la longue liste argumentaire qui donne et donnera bien envie à ces mêmes jeunes de courir le voire… Je parle donc ainsi du très anecdotique et pour le moins criant de stupidité Projet X !

Bon, donc, pour ceux qui vivent au fin-fond de la Creuse, le principe du film c’est :
-          Trois ados clichés sans réelle consistance et un peu loser mais pas trop quand même (fortement pompés mais loin du compte des personnages de Superbad).
-          Une fête de folie organisée par l’un d’eux à l’insu de ses parents dans la maison familiale, qui va bien entendu tourner à l’émeute, mais qu’est-ce qu’elle est cool quand même cette soirée (avalanche d’alcool, de drogue et de boobs qui blaserait même mon petit cousin de 6ans).
-          Un pur son.
-          Et… et… heuuu

Bah c’est tout en fait, rien, nada… Projet X ne prétend pas avoir du sens, cela tombe bien, il en est vide… Le problème c’est qu’il n’en évoque même pas. Là ou Superbad (et je vais souvent répéter ce nom là et vous feriez bien de courir l’acheter au lieu de vous farcir la daube dont je parle) ou encore Les Lois de L’Attractions (autre immense film) construisaient ces personnages, nous racontaient une histoire, posaient de manière 100% décomplexée des problèmes sur le sex, l’alcool et la fête qui touchaient et touche encore tout à chacun, Projet X, n’est qu’un clip MTV de 1h30 dans lequel la seule préoccupation est de se vautrer dans la débauche pour oublier qu’on y est déjà et de tomber dans la surenchère pour cacher (est-ce encore possible ?) la vacuité du propos…

Je ne serais pas totalement de mauvaise foi : J’ai ri. Plusieurs fois même, j’ai voulu participer à cette soirée tout en y reconnaissant beaucoup de mes anciennes sauteries (pourquoi je dis anciennes moi ?). Mais comme lorsqu’on dépasse les 6 shots de Vodka Redbull, ma tension est vite retombée.
En effet, mis à part la bande son proche du dantesque, les artifices visuels font finalement peu d’effet (puisque le montage casse le rythme et ne rend pas bien la montée en puissance que l’on ressentait dans Very Bad Trip 1), l’argument de la réalisation en Found Footage (effectuée par un maître du clip et de la pub sans vision artistique) n’est justement qu’un argument puisqu’elle ne sert en aucun cas le fond (encore eut-il fallu qu’il y en eut un…) et finalement n’apporte que peu de chose à une version qui aurait été filmée « normalement » (il y a même de nombreux plans impossibles à prendre par une seule caméra), par ailleurs, le scénario ne semble pas être l’œuvre de deux personnes adultes (et pourtant…) mais a au moins le mérite de ne pas prétendre exister sous les monceaux de plans gratuits de fesses de hipsters qui se trémoussent sur Keany West.

Alors Pourquoi Projet X est-il indécent ? Parce qu’il prétend l’être justement (et rien que dans son titre rappelé une fois au début du film puis plus rien clik clak kodak). Est-ce un hasard si les fans de films de genre lui vomissent dessus tandis que les nouveaux rédacteurs du Figaro l’encensent ?

En vérité, bien irresponsable, ce film qui se dit réaliste (et non pas crédible, nuance à développer), veux tout avoir sans rien risquer puisque même après les dégâts de la soirée, personne ne semble en assumer aucune conséquence négative (et encore il ne semble pas y en avoir puisque les parents ne sont pas si fâchés que ça, la punition n’est pas si dure que ça, il n’y a eu aucun blessé après l’attentat au lance flamme et les accidents de voiture : bah oui ça nous gâcherait le plaisir), pire encore, le buzz positif de cette soirée est monté en épingle durant les dernières minutes du film lors desquelles on voit le héros convaincre en deux phrases sa petite amie cocue par la biatche du lycée de lui pardonner… Navrant.

Ce qu’il faudra donc retenir de Projet X, c’est que cette vidéo (à défaut de parler de film) surf sur tout ce qui marche aujourd’hui sans jamais en questionner le sens, ce qui, à mon avis montre un profond cynisme et un manque d’amour réel pour notre génération, quand bien même fût-elle vaine, folle, rebelle et dans l’excès le plus total.

Je vous donne donc une profonde recommandation : N’allez pas voir ce film au cinéma, télécharger le et offrez le à votre mère qui en appréciera le réalisme et vous félicitera de la ressemblance frappante de ton avec les pages sexo de son Elle préféré.

Enfin je vous intime l'ordre de vous mater : « Superbad »,  « Les Lois de l’Attraction », « Pump  the Volume » et surtout "Breakfast Club" ! qui vous ferons frémir, rire, pleurer, aimer, vivre sans jamais se foutre de votre gueule comme le fait Projet X...


 

Travelling N°3 : Chronicle : La Naissance d’un nouveau Genre

 

En ces temps décadents ou les films de supers héros pullulent comme des fourmis autour d’un steak bien saignant pour satisfaire la nouvelle classe sociale juste entre le Hipster et l’Otaku, j’ai nommé le Social Geek (celui qui se fringue chez Uniqlo sans avoir lu un seul One Piece ou qui se dit Hardcore Gamer mais n’achète que les Call of Duty), je ne pouvais, donc, faire l’impasse sur un film très bon mais hélas pas assez reconnu (puisqu’il est encore en dessous de Voyage au Centre de la Terre 2 en terme d’entrée, et ça, bah ça donne envie de se tirer une balle après avoir shooté tous ces ados pré-pubères et décérébrés qui se tripotent devant Immortels ou Machete, par ce que franchement « c’est trop classe ») . Je parle bien entendu du Génialissime et très épuré Chronicle !

Alors, Chronicle, c’est d’abord le premier long métrage de Josh Trank, jeune réalisateur de 26ans qui, après son court métrage en found footage (« documenteur » en français) sur l’univers de Star Wars et quelques épisodes de la série Kill Point, c’est vu confié par la Fox la mise en scène du projet Chronicle et surtout un budget assez fantastique pour la réalisation de ce film aux allures de Blockbuster.

Le Concept est simple : trois ados typiques du teenage movie américain, un jeune un peu en marge et introverti, la star du lycée (aux US, c’est celui qui est président du comité des élèves AHAHAH) et le jeune un peu romantique et passionné de philo, autant dire trois personnalités que ne sont pas vraiment les plus conciliables du monde à première vue…

Mais c’était sans compté sur une substance étrange (non pas ce à quoi vous pensez) qui va leur offrir, dans des circonstances peu développées, des dons de télékinésie (pour ceux qui n’ont jamais joué à Pokemon, c’est l’art surnaturel de modifier les règles physiques de son environnement et de soi-même par la seule pensée, en gros on lévite, et on fait léviter).

Et à l’inverse de la grande majorité des supers, nos trois compères prennent alors une lourde décision… celle de ne faire absolument rien de responsable et de n’utiliser leurs pouvoirs que de façon individualiste pour se fendre la poire entre deux joins (bon peut-être pas mais on en est pas loin) : ce qui est, à mon humble avis, la façon dont la plupart des gens agirait.

Sauf que s’amuser à faire peur aux fillettes avec des ours en peluche volants, c’est bien, mais ça ne dure que jusqu’à ce que les trois lycéens se rendent compte qu’ils sont capable de faire bien plus (ou bien pire) ce qui va leur poser des problèmes éthiques…

Voilà pour l’histoire.

Ensuite en terme d’ambiance, on se pose carrément plus haut, puisque donc, sous couvert d’une sorte de chronique intimiste filmée à la première personne, on va, tout en rajoutant des caméras (caméras qui auront toujours une certaine réalité puisqu’elles existent dans le film) et des angles de vus, petit à petit dériver vers le désenchantement, l’incompréhension, la peur, la haine pour arriver enfin au symbole monstrueux de l’excroissance d’une société qui renie ses codes et son histoire tout comme le cinéma renie aujourd’hui les mythes qui l’ont fondé.

Et c’est donc dans une gradation menée avec subtilité, qui nous rappelle Misfits tout en allant bien plus loin dans la conscience sociétale, et peut être même Elephant, dans ce que la forme enferme les personnages en un parcours cyclique qui les étouffe, Chronicle est bien plus qu’un film de Super Héros, c’est un nouvel Akira, une histoire sur la réalité d’une jeunesse, qui n’existe aujourd’hui que trop souvent à travers l’image numérique, qui se sent puissante et en même temps bridée, qui perd ses repères et s’accroche à ce qu’elle peut voir comme une alternative à un monde qui les oppresse.

Bref, assez d’épanchement… pour vivre cette expérience, il vous suffit de vous sortir les doigts des fesses, d’éteindre le 20h de TF1, de cracher sur les affiches de La Colère des Titans devant lesquelles vous passerez, et de payer ce qu’on vous demandera car c’est largement mérité !

 

Travelling N°2 : John Carter : L’Origine de tous nos Mythes





Aujourd’hui je suis allé voir (non sans peur) le sublimissime John Carter au cinéma. Tout d’abord, pour la masturbation intellectuelle de rigueur dans mes chroniques, il faut savoir que John Carter n’est pas le nom du nouveau héros au regard de braise qui va déjouer un complot planétaire, vaincre une armée avec un cure-dent , sauver le monde et emballer la blondasse à la fin avec juste un petit mal de crâne le lendemain… Du moins, pas uniquement.

En effet, John Carter est à la base, un roman (« La Princesse de Mars ») du très célèbre Edgar Rice Burroughs ! Comment ? Cela ne vous dit rien ? Et si je vous dis La Légende de Tarzan ?
Et oui, John Carter est le premier volume paru en 1912 (oui oui) de la « Trilogie de Mars », adaptée par la suite en comicbook puis aujourd’hui en immense blockbuster.

Mais John Carter, ça n’est toujours pas que ça puisque, sous la coupe de Disney, il est réalisé par le brillant Andrew Stanton auquel on doit le très sincère Nemo et mon Disney actuel préféré : Wall-E !

Alors si je résume, roman fondateur de tous les récits iconiques de notre inconscient collectif depuis Star Wars, réalisateur de talent, à cela on peut ajouter casting monstrueux : Taylor Kitsch (venant tout droit de la série Friday Night Lights dans rôle principal), Willem Dafoe (le terrifiant bouffon vert dans spider man), Mark Strong (l’énigmatique Lord Blackwood dans Sherlock Holmes), Dominic West (le rebutant sénateur corrompu dans 300), Bryan Cranston (l’inénarrable père de famille dans Malcolm in the Middle, que l’on a pu voir récemment dans Drive et Contagion)… j’en passe et des meilleurs !

Mais alors pourquoi « non sans peur », tout simplement parce que ces têtes à claque de costard-cravate de chez Disney (et oui ça existe même chez mickey) n’ont rien compris une fois de plus à la nature et au sens de l’œuvre qu’ils étaient censé distribuer (pour ne pas dire vendre) et nous ont torché un bande annonce bien de chez eux qui nous fait penser à un remake poissard et pompeux du très médiocre Star Wars II…

Et là c’est le drame puisque que le film est en train de se cracher au Box-Office alors qu’il mérite ça place au panthéon des œuvres piliers du cinéma de genre, et même du cinéma tout court !

Et voilà comment avec un bon lot de connards en costume Hugo Boss, on passe à côté du film de la Décennie (et accessoirement, le plus gros budget de Disney).
Alors recadrons un peu les choses car c’est dans le New York du XIXème que commence cette histoire autour d’un John Carter, ancien capitaine de cavalerie des armées de confédérés, traumatisé par l’infamie de la guerre et la perte de sa famille dans des circonstances jamais réellement dévoilé, jamais réellement pathos qui semble fuir des hommes en noir lors d’une séquence montée à la perfection.

Carter va donc se retrouver, (par des moyens que je ne développerais pas) sur une Mars fantasmée (comme elle l’était en cette fin du XIXème siècle) au milieu de différentes peuplades aux rapports sociologique plus qu’intéressants, dans une guerre qui n’est pas la sienne. (Figure typique du héros/anti-héros qui hésite entre engagement et non engagement afin par la suite, de se trouver une cause qu’il avait perdu, comme on a pu le voir avec Avatar, Matrix et Han Solo de Star Wars)
Tout le monde va alors tenter de s’approprier sa capacité de terrien (car densité oblige, sur Mars, John peut faire des bons de centaines de mètres et se retrouve plus fort, plus rapide et plus résistant que sur sa planète natale).

Mais au-delà de la thématique, c’est aussi tout cet univers qui, posé en 1h30 de film, nous envahit et nous émerveille tant il ouvre des portes, instaure des civilisations crédibles et créé des architectures nuancées… On reconnait bien là le talent de Disney/Pixar qui par l’image plus que par le dialogue, par l’évocation plus que par la désignation va poser les codes d’un mythe puissamment fondateur d’un univers entier. (On retiendra les Codes Sociaux des Tharks, peuple extraterrestre, ultra subliminaux et qui pourtant font mouches là où les peuples de Geonosis dans Star Wars II me faisait gerber d’indifférence).

Alors Putain de Bordel, qu’est-ce qu’on attend pour voir l’inverse total du Blockbuster dont la seule motivation est de nous faire voir une explosion toutes les dix minutes ? Un Space-Opera qui tient plus aux Westerns de notre enfance qu’à la grosse bousasse intergalactique que représente parfaitement Indiana Jones 4… Un film d’Héroïque Fantaisie qui tient plus du Nibelungen que d'Eragon et toutes ces merdes pour gamines pré-pubères…

C’est l’histoire et les personnages qui priment et qui font que tu t’attaches enfin à une cause dans le cinéma d’aujourd’hui et c’est ce qu’a très bien compris Stanton en créant un monde incroyable mais crédible qu’il suffirait que Disney arrive à vendre pour que ce film s’impose en premier opus d’une véritable Saga dantesque à faire jouir tous les geek de la planète (Mars bien entendu).

Il y a eu Star Wars, il y a eu Le Seigneur Des Anneaux, il y a eu Matrix, il y a eu Avatar : il y a John Carter.



COUREZ-Y !

 

Travelling N° 1 : Star Wars : La Mort d’une Etoile / Partie I






300 000 entrées en France ! 300 000 fans (dont je fais partie) ont payé une énième fois pour voir (ou revoir) Star Wars au cinéma. Le Blockbuster le plus adulé dans toute la galaxie, qui réunit entre 1977 et 1983 tous les publics et toutes les générations avant de les diviser à la sortie de la Prélogie en 1999 (épisodes I, II et III).  Pourtant tout le monde sauf les fans hardcores avaient vu venir gros comme une maison ce nouveau coup marketing de l’empire Lucas pour s’en mettre de nouveau plein les fouilles.

Alors puisque notre ami barbu plus commercial qu’artiste, plus costard cravate que jeune visionnaire et surement plus Empire que Rébellion se réexpose aux sabres-laser des anciens fans déçus (dont je fais aussi partie), autant nous remater (et dans l’ordre de parution s’il-vous-plait) l’hexalogie complète :

Retour sur les coulisses des six films les plus controversés de l’histoire du cinéma, attention les yeux, on passe en vitesse lumière !



Partie 1 : La Trilogie


Star Wars IV : La Guerre des Etoiles




Bon Sûrement l’épisode le plus connu de la trilogie tout simplement parce qu’il est le premier, celui qui pose cet univers d’une infini complexité et de la plus grande cohérence qui a à lui tout seul attisé tous les fantasmes des geeks du monde entier d’hier comme d’aujourd’hui : j’ai nommé « La Guerre des Etoiles »… devenu « Star Wars »… puis « Star Wars épisode IV : Un Nouvel Espoir »… puis « Star Wars épisode IV : Un Nouvel Espoir : l’Edition Spéciale »… et enfin Star Wars épisode IV : Un Nouvel Espoir : L’Edition Spéciale DVD de l’Edition Spéciale »…
Et dans ce cas-là qu’est-ce qu’on dit ? Merci George !
Et oui il va falloir s’en remettre mais Lucas, soutenu par toute une mythologie internet qui tiens plus au culte de la personnalité qu’à la réelle fanatitude et qui le pose comme seul homme responsable du succès de Star Wars, ne maitrisait pas forcément les tenants et les aboutissants des mythes puissamment évocateurs qui transcendent la Saga !

En effet, si ce premier épisode de la Trilogie fut une bombe au box-office et une œuvre aux thèmes universels  c’est surtout parce qu’elle faisait référence à des œuvres préexistantes et a une volonté anthropo-philosophique de faire de l’épopée épique, un mythe dans lequel tout à chacun pourrait se reconnaitre. Ce premier film est donc plus le fruit d’une équipe brillante, talentueuse et visionnaire que d’un seul homme.
Et c’est là que le bât blesse puisque tandis que beaucoup s’astiquent sur cet univers dépeint avec une originalité absolue (en réalité un mix d’influences et d’aspects empruntés aux mythes scandinaves, aux films de samouraïs et aux space western à la Flash Gordon) d’autres ont pu lire les premières versions du scénario de Lucas qui était vous l’avez devinés tout à fait faiblardes…

 Alors heureusement que l’ami George, businessman en devenir, savait parfaitement s’entourer de collaborateurs d’un tout autre niveau ! Et parmi eux, il faudra absolument retenir le nom de Gary Kurtz, ami de Lucas et génial producteur de l’Episode IV qui permit à ce dernier de naitre sous un jour bien plus favorable puisqu’il aida George Luca à resserrer son récit (pour des raisons de budget d’accord mais aussi artistiques).

Car effectivement, l’une des forces de ce premier épisode tient presque plus dans ce qu’il suggère que dans ce qu’il montre. Souvenez-vous des décors en carton de la planète Tatooïne qui pourtant laissaient imaginer tout un univers contrôlé par un empire dictatorial, un côté far west qui parle de contrebandiers, de gens en marge de la société : de la Banlieue de la Galaxie !


Alors si l’on doit accorder un crédit (républicain) à Lucas dans ce premier épisode, outre le fait qu’il ait su écouter ses amis de l’époque (Coppola, Spielberg et Gary Kurtz), c’est son appropriation des travaux de deux hommes :



Ralph McQuarrie, ancien ingénieur qui fut à l’origine de presque tout  l’univers graphique du film, mais surtout Joseph Campbell, écrivain, orateur, anthropologue et mythologue américain travaillant dans les domaines de la mythologie comparée et de la religion comparée et notamment pour sa théorie du monomythe (étude très poussé dans « Le Héro aux Mille visages » qui démontre notamment que la structure même du mythe dans quelle civilisation que ce soit est toujours la même et qui suppose donc qu’un récit mythologique fondateur soit à l’origine de tous les autres : Un héros, l’appel de la quête, refus de la quête, rencontre d’un mentor qui le confronte à lui-même, quête intérieur qui doit se révéler à l’extérieur par le meurtre symbolique du père etc…). Ça ne vous rappelle rien ? Le Seigneur des Anneaux, Matrix, Star Wars, Dune, Avatar, Le Roi Lion ? Bref tous les grands mythes du XXème siècle.


Un livre, donc, qui inspirera Lucas pour construire thématiquement et scénaristiquement toute la saga.  Reste à savoir qui sont réellement, dans l’équipe de Lucas, ceux qui comprirent la théorie génial de Campbell dans ce qu’elle avait d’universel.





Star Wars V : L’Empire Contre-attaque




Et bien voici l’épisode phare de la trilogie à mon sens (et à celui de beaucoup d’autres), l’épisode le plus tragique et shakespearien de la Saga Star Wars, celui que la plupart des fans reconnaissent, non sans raison, comme le meilleure des six, j’ai nommé « L’Empire Contre-attaque » !

Et là encore au risque de vous décevoir, ce nouvel opus doit plus son succès à une équipe de collaborateur qu’à Big Brother en personne…

En Effet, suite à la réussite interplanétaire du précédent film, et grâce aux retombées financières engrangées par cette dernière, Lucas, qui pouvait enfin se libérer du joug des grosses maisons de production et de leurs carcans moralistes, se lança dans la construction d’un empire cinématographique autonome capable de mettre en marche des productions ambitieuses sans aide extérieure. (C’est d’ailleurs en partie grâce à son idée, folle pour l’époque, de récupérer l’intégralité des droits sur le merchandising Star Wars, que cette idée put voir le jour).

Mais alors, business is business, car occupé à jouer à Mr Monopoly en Californie, Lucas préféra confier la production de son film au génial Gary Kurtz, sa réalisation au très bon Irvin Kershner (son ancien professeurs, réalisateur de talent mais surtout d’expérience) et le scénario pour sa majeur partie à Lawrence Kasdan (qui écrira un an plus tard celui des Aventuriers de l’Arche Perdu).

Ce furent donc les collaborateurs de Lucas, motivés et fascinés par l’œuvre de Joseph Campbell, qui sont en réalité les véritables créateurs du film que nous connaissons aujourd’hui. Cette ambigüité entre Lucas et Kasdan sur l’écriture du scénario de l’Empire Contre-Attaque mènera d’ailleurs la communauté de fan à se demander lequel des deux fut à l’origine du twist final de cet opus résumé en une phrase : « Non, je suis ton père ! ».

Néanmoins, on peut encore accorder à George Lucas le prestige d’être comme d’habitude un financier visionnaire et un commercial de génie puisqu’il sut une fois encore parfaitement à qui confier son film tout en y injectant la quasi-totalité des recettes engrangées par le précédent !

Et pendant que Kurtz et ses hommes se débattaient avec les galères de tournage pour concevoir l’épisode le mieux écrit et réalisé de cette Saga, Lucas se débattait en Californie pour monter son empire (vérité que beaucoup de fans ne veulent pas entendre et qui prête à reconsidérer l’implication artistique de Big George dans son meilleur film…)

C’est d’ailleurs en visionnant les premiers montages du film que la colère de Lucas, se sentant dépossédé de son œuvre, s’abattit sur Kurtz et Keshner et le poussa à vouloir remonter tout le film pour une nouvelle version qui lui conviendrait. Seconde version que tous ses collaborateurs rejetèrent plaçant ainsi César dans une position difficile puisqu’il dut se plier à la première version tout en essayant de ne pas trop laisser s’effriter la confiance qu’il plaçait en ses subalternes…

A la sortie du film pourtant, le clash se produisit et Lucas coupa les ponts avec Kurtz et nombre de ses collaborateurs.

A la suite de cette purge Stalinienne, se dire que des hommes ayant travaillé sur les deux plus gros blockbusters de l’histoire du cinéma à des postes aussi important, en en ayant même apporté les fondements philosophique se retrouvèrent condamnés à tomber dans l’oubli nous révolte presque autant que nous éclaire sur pourquoi la suite de Star Wars est devenue ce qu’elle est devenue.

Mais pour ne pas cracher dans la soupe et se concentrer sur l’impact émotionnel qu’à eu ce film sur l’inconscient collectif d’au moins deux générations, n’oublions pas que si l’Empire Contre-Attaque est le Star Wars qui m’a le plus marqué, c’est aussi celui qui peut être est le moins spectaculaire. Car outre la scène fantastique de bataille sur Hoth, la planète de glace au début du film, la suite ne parle que de l’humain, de l’amour impossible, de la fin de l’innocence et du cheminement intérieur d’un héros pour vaincre ses peurs, son alter ego et se confronter à lui-même par l’intermédiaire du mentor : Yoda.

C’est donc à travers ces mythes universels et puissamment évocateurs que notre jeunesse comme celle de nos parents  à perçu et perçoit encore le meilleure Star Wars et peut être aussi le dernier. Alors faites-vous plaisir en vous replongeant dans cet opus ténébreux qui incarne ce qu’aurait dû être l’ensemble de la trilogie.



Star Wars VI : Le Retour du Jedi




Désormais seul en haut de sa montagne d’or, ne supportant plus que quiconque conteste ses choix, nouveau bâtisseur d’empire tyrannique, Lucas allait reprendre les rênes de sa Saga pour le résultat que l’on sait, bourré d’ourses en peluche cul-cul-la-praline : j’ai nommé « Le Retour du Jedi » !

Le troisième opus de la mythique trilogie de George Lucas, œuvre contradictoire, hybride, encore emprunte du travail mythologique de ses collaborateurs sur les deux opus précédents mais qui vrille façon Festen vers une fin plus que bucolique.

Pour beaucoup de fans en effet, ce film porte déjà les prémices de la dégénérescence future de notre Saga spatiale préférée.
Désormais l’un des hommes les plus importants de l’industrie cinématographique, obsédé par l’émancipation de son empire industriel, Lucas, devenait à cette époque lentement l’archétype même du costard-cravate qu’il avait toujours détesté à ses débuts. Enchainant, pendant la préparation du film, les procès pour droit d’auteur, et toujours peu disposé à s’impliquer dans la réalisation de son film sans pour autant avoir pardonné à ces anciens collaborateur, George Lucas préféra confier la réalisation de « son » œuvre à un Yes-Man dont il est inutile de retenir le nom et qui décèdera trois ans plus tard (histoire de karma sans doute).

Et même si il garda Lawrence Kasdan pour le scénario, il était cette fois-ci hors de question de remettre ses choix en cause, aussi absurdes pouvaient-il être.

En effet, là où Kasdan et les anciens voulaient clore le film en appuyant une fois de plus sur sa puissance mythologique, ce qui devait aboutir à la mort de Han Solo (comme sacrifice du personnage hésitant entre engagement et égoïsme) et au meurtre symbolique du père (et même littérale de Vador par son fils et non par l’empereur qui devait rester dans l’ombre comme menace omniprésente et éternelle du mal et de la corruption sur le monde).

Lucas préféra alors, sur les conseils de sa mère (véridique !) appuyer le manichéisme, nous infliger les ridicules Ewook, laisser vivre Han Solo et rendre, sur la fin du film Dark Vador mignon tout plein en sauvant son fils des griffes de l’empereur…


Cohérent, oui sans doute mais dans la vision cul-cul-beni-oui-oui-et-va-te-tamponner-l’oreil-avec-la-tongue-d’un-nazgul hollywoodienne que l’on connait bien. Car qui regarde un peu les grands mythes, sait qu’ils sont tragiques et nous apportent une vérité souvent biaisée et jamais absolue.

Le film fit donc un carton chez les mioches mais déçut beaucoup de fan de la première heure ne se retrouvant plus dans la construction scénaristique du héros qui avait donné aux premiers opus leur souffle universel (souffle dévoyé au profit du seul spectacle enfantin).

Or, il n’est pas bien difficile de comprendre pourquoi Lucas ne continua pas sur sa lancée en tournant les épisodes I, II et III : Car porté dans sa jeunesse par son amour du cinéma expérimental (Chris Marker en personne, réalisateur du court métrage « La jetée » encensait déjà son film de fin de projet), Lucas devenait désormais le symbole du divertissement ultra libéral.

Et de son aveu même, à la sortie du Retour du Jedi, Lucas avançait que Star Wars avait pris trop de place dans sa vie, une façon simple de dire que le succès commercial a sûrement dépassé ses ambitions de réaliser des œuvres importantes et expérimentales sur ce qu’il avait lu et compris de Campbell.

Alors George Lucas serait-il de venu son propre Dark Vador ? Laissant de temps à autres ses idéaux de côté, pour n’en avoir plus que des fulgurances lors d’interviews et plutôt que d’affronter cette contradiction et la frustration qu’elle devait susciter en lui, Lucas préféra continuer sa longue fuite en avant  dans un empire entièrement voué au culte de l’argent quitte à ébranler par la suite les fondements artistiques de son œuvre, comme en témoigne les éditions spéciales sorties en 1997 ou de la version 2004 (effacement numérique de la tête de l’acteur de Dark Vador, David Prowse, au profit de Mr Je-Joue-Dans-Une-Pub-Golden-Grahams en personne : Hayden Christensen ! Un minimum de respect aurait été de rigueur…)


Ce film reste néanmoins un spectacle total, certes plombé par son spectacle digne du muppet show, mais gorgé de scènes absolument jouissives (scènes de poursuite motos volantes dans la forêt inoubliable). On reste donc toujours bouche bée, émerveillés comme des gosses devant l’ampleur d’un univers devenu un puits à fantasmes pour tous les geek de la planète !









En Hommage à Gary Kurtz, Ralph McQuarrie, Irvin Keshner, Lawrence Kasdan et Joseph Campbel.